samedi 1 janvier 2011

Vietnam- Hanoï

Dimanche 5 Décembre- vendredi 7 janvier

Déjà 1 mois à Hanoï et encore une fois le temps file à la vitesse de la lumière. Un mois maintenant que nous sommes culturellement inactives (comme c’est bon de buller après deux mois de baroudage). On a bien fait une tentative, bien décidées à en apprendre plus sur l’histoire du Vietnam, mais celle-ci s’est avérée peu fructueuse. Notre trouble de l’orientation, nous a directement conduit au temple de la littérature, situé à l’opposé du musée de la révolution. Encore un échec, on soupçonne Marion de nous avoir tendu un guet-apens.
Notre quotidien est maintenant bien rôdé et tranquillou, après avoir changé d’hôtel pour une auberge plus conviviale (free beer de 7 à 8h), nous sommes installées en plein centre de la vieille ville. On arrive même maintenant à s’y retrouver dans toutes ces ruelles bruyantes qui grouillent de monde et où pullulent boutiques en tout genre, quincailleries, boutiques de Noël, vendeur de fringues et chaussures. C’est donc au milieu de toute cette animation que nous avons pu  trouver petit à petit nos repères :
• On fait copains-copines avec le personnel de l’auberge ;
• On s’adonne au shopping de manière démesurée pour certaines, parfois même frénétiquement ;
• On s’en met plein la panse de Nem, Bun Cha, Pho ga, Pho bo, Sua, yaourt et même des baguettes et des croissants ;
• On boit des caphé Nau da, Sua, à l’étrange goût de chocolat … en pensant à vous qui êtes au boulot bien sûr ;
• On fait du Vinh Xuan (on passe même à la télé), 5h par jour et ça c’est pas rien !! Les courbatures sont très douloureuses mais disparaissent de jours en jours tandis que nos bras se couvrent petit à petit de bleus (la technique n’est pas encore totalement acquise.)
Bref nous profitons de cette pause dans notre trajet pour découvrir le savoir-vivre vietnamien.



Manuel du savoir-vivre à la Vietnamienne.

Pour le touriste occidental
Pour vivre à Hanoï, il faut remettre en cause quelques principes de vie et manières d’être qui t’ont été inculqué depuis 24 ans …
• La première chose est de pouvoir traverser une rue sans perdre la vie, un bras ou une jambe. Pour cela tu dois toujours être d’une extrême vigilance (pas de place pour la rêverie dans les rues d’Hanoï), les engins motorisés peuvent surgir de nulle part et à n’importe quel moment. Tu dois pouvoir slalomer entre les milliards de scooters qui ne prendront jamais le temps de ralentir ou freiner. Et enfin n’attends pas que le feu passe au rouge (tu peux attendre longtemps), plonge dans le flot de véhicules et prie pour qu’on t’évite.
• Apprends à ne plus entendre les klaxons qui rythment ton quotidien (toutes les 4 secondes maximum, Alice les a compté un jour de grande maladie). Et relativise en te disant que c’est peut être tous ces bruits qui te sauve la vie à chaque fois que tu mets un pied dehors.
            • Surtout ne t’offenses pas trop quand les marchandes t’arnaquent publiquement le tout en tirant la gueule. Gardes ton calme, le sourire, essaies de marchander, avec un peu de chance tu auras gain de cause et un sourire, sinon vas voir ailleurs.
            • Il est important d’avoir les genoux en bon état et une certaine souplesse, pour pouvoir t’installer sur les mini- tabourets/ tables, disposés sur le trottoir, coincés entre 3 scooters (garés eux aussi sur les trottoirs. Où marchent les piétons ?? Excellente question) et qui font office de resto, bar. En fait les « the place to be » ne sont autre qu’un assemblage de mobiliers de dinette posé dans la rue.
            • Ne t’étonnes pas de voir les gens faire la vaisselle dans la rue, laver leur scooter dans la cuisine et la nuit ranger leur scooter dans la pièce à vivre, entre leurs matelas.
            • Ne sois pas trop regardant sur la manière de stocker les aliments que l’on met dans ton assiette. Après quelques Chichies, ton estomac s’habitue (ou pas…) et de toute façon impossible de savoir à l’avance si la digestion sera bonne, le goût du rance est masqué par les herbes et épices.
            • Si d’ordinaire tu rentres dans une taille 36, prépares toi à ne trouver aucunes fringues à ta taille et à entendre des « too big », « too fat », « not your size ».
            • Si tu es très à la bourre pour le Vinh Xuan, que tu galères à trouver un taxi. Sois prête à marchander pour une moto-bike, monter à 2 derrière le chauffeur et t’infiltrer dans la folle circulation de fin de journée.
            • Tu dois pouvoir maîtriser la manipulation des baguettes, accepter de manger le nez dans ton assiette, (nez qui parfois coule lorsque c’est pimenté) et supporter de faire une tâche sur ton pantalon à chaque aspiration de nouilles.
            • Apprends à apprécier les milliers de fils électriques qui se mêlent aux arbres et qui courent d’immeubles en immeubles. Ils peuvent parfois être très dangereux pour des grands joggeurs.


Pour la femme vietnamienne
Tu dois savoir faire beaucoup de choses, sans trop te plaindre.
            • Porter une palanche pleine à craquer
            • Faire du vélo chargé de fleurs, culottes, fruits ou toute autres marchandises
            • Travailler au champ avec ton bébé dans le dos et ton chapeau conique
            • Pouvoir faire un café, servir les clients, tout en suivant ta série kitch super mal doublée, ou Vietnam Idol (la nouvelle star)
• Te marier avant 23 ans et te faire à l’idée qu’après la naissance de ton premier enfant, tu marcheras comme un cow-boy parce que ton bassin est bien trop étroit, pour accueillir un enfant sans laisser de séquelles.
• Manier le hachoir et confectionner des plats comme les meilleurs chefs français.
• Faire la cuisine, la vaisselle accroupie (pieds à plat) sur le trottoir.
• pouvoir bosser 15h/ jour, 7jours/7 pour 200 $ par mois et avec le sourire bien sûr
• Faire 14 km de vélo tous les jours pour venir bosser dans la ville où tu n’as pas les moyens de te payer un logement.
• Porter ton casque Play-mobile sur ton scooter tout en préservant une coiffure impeccable, mettre ton masque bariolé contre la pollution, qui à la longue t’écarte les oreilles. Mettre ton manteau à l’envers pour protéger le devant de tes vêtements.
• Ecrire un texto sur ton scooter, tout en évitant les autres scooters, les voitures et les piétons.
• Mettre des chaussettes de sport dans tes talons de 10 cm et passer les vitesse de ta moto avec ces talons.
• Te balader dans la rue ou bien même aller au travail en pyjama décorés de nounours de cœurs ou encore de fraises…



Pour l’homme vietnamien
Tu dois savoir :
            • Glander toute la journée dans un café avec tes potes. (Phénomène français qu’ils ont su parfaitement conserver) 
            • Fumer clopes sur clopes
            • Regarder ta femme et tes enfants bosser dans le café.
            • Si tu es ouvrier, tu dois pouvoir partir de chez toi, le temps d’un chantier et dormir sur place dans la poussière.
            • Boire ta gnole faite maison, good for men, à base de ginseng, de vin, avec tes copains et trinquer avec les tables d’à côté.
            • Etre corporellement proche de tes copains, et n’hésite pas à mettre tes mains dans ses poches lorsque tu es derrière lui en scooter.



Le Vinh Xuan.

Pour l’histoire, le Vinh Xuan est originaire de Chine, il fut créé par une religieuse qui aurait survécue à un incendie et qui en observant le combat entre un serpent et une grue, aurait eu l’idée de développer cet art martial. Pour le pratiquer, il faut donc avoir une perception parfaite de son corps, de ses différentes articulations, être capable de le relâcher en conservant son équilibre et la balance dans son body. Si tu feel ton body, que tu keep your balance et que tu chop (relax en viet) tes membres, tu peux devenir un super Vinh Xuan’s Master. Une fois que tu maîtrises cette partie, tu peux apprendre les différentes attaques basées sur les 5 animaux, serpent (snake), tigre (tiger), léopard (cléopatre à la manière Ta), grue (bird) et dragon (dragon).
Dans la pratique, tu gardes toujours un contact, le plus souvent au niveau des bras et des poignets, avec ton adversaire (d’où les mains collantes) et tu tentes de parer ses attaques par des mouvements rapides et fins ou des changements de points d’appui.

         Ta est notre master, artiste peintre, une pointure du Vinh Xuan, physiquement on le croirait tout droit sorti d’un film de kung fu (cheveux ras, barbichette), peu bavard mais toujours à se marrer. Il ne parle ni anglais, ni français, sa femme, Gnoc, a donc joué l’interprète pour les débuts, le reste s’est fait par la communication non verbale (vive la psychomot et les mimes).
            Les séances durent 4 à 5 heures par jour (fonction de la motivation), 5 jours par semaines et se passent, non pas dans une salle de sport comme on se l’était imaginé, mais dans la maison en construction de Ta et Gnoc, entre poussière, feu de bois et bruits de chantier. Deux soirs par semaine on s’entraîne avec les autres élèves de Ta, une bande de tortues ninja, artistes un peu rebelles. On s’est aperçu qu’on avait infiltré une bande à part dans le monde du Vinh xuan et qui voit leur pratique comme un art (parfois un peu violent) et qui n’apprécie guère se mélanger aux autres. Autant vous dire qu’on était fofolles en apprenant la nouvelle (« youhou, nous on fait du Vinh Xuan avec des rebelles !!! »).
           
            Déroulement des séances.
Les séances commencent par un échauffement et une ouverture/relâchement de toutes les articulations (d’environ 40 minutes, pour bien nous faire suer). Résultat, on a maintenant les épaules d’Amélie Mauresmo et une souplesse digne de celle de  Nadia Comanesci. Les débuts ont été durs, entre souffrance, problèmes de coordination, perte d’équilibre et toujours ce même refrain « plies tes genoux, Alice ». Mais on a gagné en souplesse du bassin et dissociation des mouvements.
Puis vient le temps du travail à deux, on comprend alors les concepts de mains collantes, de dialogue tonique. On essaie tant bien que mal de relâcher notre tonus tout en faisant le moulin avec les mains, les avant-bras, les bras et en essayant de garder le contact avec l’autre. Après 3 semaines on court encore après l’agilité du snake, et la « chopitude » des bras. Et quand  enfin tu commences à être un peu satisfaite de ta performance, bah tiens si tu ajoutais des déplacements, et plies tes genoux et descends encore, « plies plies plies arrrrrrrrrrrrrrggggggggg, ça fait mal !!! ». A ce stade, autant dire que nos tee-shirts sont bien mouillés (surtout Béné qui semble régulièrement revenir de la piscine, problème hormonal ?), et que l’on sent bien notre corps.
La seule façon que l’on ait trouvée pour arrêter le supplice est de prétendre à une soudaine envie de cigarette. Donc en plus de faire du sport (chose exceptionnelle), on fume beaucoup trop.
Pour bien nous achever, on finit sur des « combats», qui vue de l’extérieur ressemble plus à une dispute de chiffonnières. On tente de mettre en pratique les attaques-parades enseignées par Master Ta et les autres élèves, mais ça laisse des traces, nos bras sont couverts de bleus (certains pensent même qu’Alice fait de l’eczéma ou qu’elle a une maladie).
On se retrouve bien souvent projetée au mur par Ta, on a beau essayé de lutter, la collision est inévitable. Il joue parfois à la pétanque avec nous, le principe étant d’utiliser l’une d’entre nous pour dégommer l’autre. Encore une fois, nous avons beau connaitre la parade, on se retrouve inéluctablement en collé-serré, vient que je te fasse une gros câlin tout mouillé. Et les attaques à 3 contre 1 n’ont strictement aucun effet sur lui, on finit chacune soit à terre, soit contre le mur, ou les unes dans les autres.

Enfin ça, c’est pour la « séance type », mais dans la réalité, on fait des pauses, on chante un peu (parce que le Vinh Xuan c’est de l’art et que la chanson aussi !!), par moment on prend un malin plaisir à se titiller les points douloureux stratégiques pour maîtriser ton adversaire (« c’est là ?? Non, un peu plus à droite, aïe aïe aïe, hihihi, oui tu l’as !! »). Ta nous enseigne les attaques du tigre, du serpent ; tout est dans le déplacement en glisser/relâcher, appui sur la jambe arrière, pas évident pour nos corps tout raides, « the shame (comprendre same) dance » qu’il nous dit ; « oui bah tu nous as jamais vu danser, toi !! ». Et puis on répète le Tu Lu Quien (cf. la vidéo de noël) qui est en fait l’enchaînement des différentes attaques/parades du Vinh Xuan (the shame !!). Si on a bien travaillé, on a droit à la gnole « made by Ta » à base de plantes médicinales, good for men (on sait toujours pas ce qu’elle contient pour qu’elle soit si good for men) et qui par extension est devenu good for french girls.

Nos « copains » du mercredi et dimanche soir.
La team est essentiellement composée de docteurs ou d’artistes.
 • le frère de Ta, artiste quarantenaire, qui parle quelques mots de français, un petit côté ténébreux, très, très doux dans le contact et qui regarde sans cesse les ombres du duo en action, projetées sur le mur.
• Dupont et Dupond (ou Doublepattes et Patachon), les inséparables, assez doués, et parfois violents. Leur tête d’ange en temps normal se transforme rapidement en tête de tueur en situation de combat. Lorsqu’ils se déplacent, ils ont l’air de danser. Et lorsque tu réussis une attaque, ont l’air aussi surpris que toi et la ponctue alors d’un bon « YES !!! ».
• le serpent, un grand mince, un peu hyperactif, qui dans sa manière de bouger rappelle vraiment le serpent, voire devient serpent .Assez impressionnant, ou effrayant parfois… Pas évident à suivre avec nos gros bras tout raides.
• Polo marron, un petit nerveux, dont le principal atout est la maîtrise de ces points d’appui. Et vas-y que je mets tout mon poids sur toi sans perdre l’équilibre. Du coup au bout de 3 minutes avec lui, tu es épuisée.
• Professeur de peinture à l’école des beaux-arts. Débutant lui aussi, qui était à Berlin lors de la chute du mur, très gentil avec plein de musique sur son i phone.


Ce mois à Hanoi nous a permis de faire de très belles rencontres franco-vietnamiennes, suisse, canarienne, anglaises, françaises etc… Aujourd’hui c’est le grand départ, nous sommes tristes de quitter cette ville mais heureuses de reprendre la route vers de nouvelles contrées. Les aventures de Bamela continuent…

4 commentaires:

  1. Ouah les filles, vous ne vous êtes pas foutu de nous là ! Trop bien l'article, on ne comprend pas trop si vous fumez des clopes pendant votre entraînement (ça me paraît étrange quand même)! En fait vous viviez un peu comme les hommes de Hanoï vous là bas si j'ai bien compris, fumer clopes sur clopes, boire de la gnole "good for men" ? C'est facile de critiquer vous auriez au moins pu aider ces pauvres petites bonnes femmes !
    Super sympa la photo de la femme au vélo rempli de fleurs !

    Bisous à vous 3

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  2. A lire et relire votre récit j'avais oublié que je devais aller a la gym ce matin (gym douce pour moi pas question de bleus)Merci de m'avoir fait voyager, j'attends les photos.
    Bisous a toutes les trois.
    VIVIANE

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  3. radio paris bonsoir!!!
    ça c'est de l'article qui tue!!!!!:-)))))))
    merciiiiiiiiiiiiii!

    mimis
    L.

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  4. Ah ha ha! Fantômassss!9 mars 2011 à 04:58

    Faut publier un guide, Bamela! tu es si drôle!

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