dimanche 6 février 2011

Cambodge- Banlung


Vendredi 4 février- jeudi 10 février

            Nous sommes montées à bord d’un bus local pour le Ratanakiri, une province du nord du Cambodge. Pour s’y rendre il n’y a pas de routes, les chemins de terre rouge sont les seuls accès. Cette terre rouge appelée par certain « Cambodian snow » s’infiltre partout, même dans le bus nous ne sommes pas à l’abri de bronzer orange. Une route mauvaise + un bus local  (dans lequel il y a des poules, des canards, un nourrisson la jambe plâtrée et plus de personnes que de places) = une roue crevée au milieu de nul part. Heureusement les Cambodgiens sont de très bon mécaniciens, en moins d’une heure nous avions une nouvelle roue, encore que celle-ci nous paraissait bien lisse. Nous sommes donc repartis de plus belle, massages compris dans le forfait, et vibrations qui ont fait tomber la télé du bus, non loin de la tête du chauffeur…Nous avons traversé des ponts sur lesquels, même en vélo nous aurions eu peur de passer à travers. Et nous avons pu voir toutes ces forêts brulées pour faire place aux grand Hévéas bien plus rentables, que tous ces magnifiques arbres. Un paysage très étrange, des feux allumés tout au long de la route, provoquant parfois quelques nuages de fumée dans le bus.

            Nous étions attendues à Banlung (la capitale) par Mr Ron, notre futur guide, et nous avons fait un petit détour par le restau du frérot avant d’aller se coucher. Le lendemain nous sommes parties à la recherche d’un guide pour notre trek dans la jungle (nous ne savions pas encore qu’il était dans notre hôtel). Nous avons donc dans un premier temps chercher (verbe redouté des bamela) les lieux comme l’office du tourisme ou encore l’éco-tourisme du parc national, puis une fois trouvé nous avons attendue dans ses 2 lieux sans que jamais personne ne vienne. Après ces deux échecs successifs il était temps de prendre un café, c’est là que nous avons rencontré un guide puis 2… mais avant de prendre une décision nous sommes rentrées à l’hôtel où nous avons finalement trouvé simplement Mr Ron, nous proposant des prix plus intéressants et un parcours sur mesure (les bamela en plus d’être indécises sont aussi très exigeantes). Notre itinéraire prévu nous n’avions plus qu’à profiter de la journée dans cette petite ville rouge et poussiéreuse. Le soir nous pensions pouvoir profiter des heures festives du nouvel an chinois, car au Cambodge beaucoup de familles se retrouvent pour cette occasion, mais pas un chat dans les rues, seuls les chiens étaient présents, des chiens parfois agressifs nous obligeant à changer de route et à revenir sur nos pas. Une soirée bien calme pour un nouvel an.



            Nous ne sommes pas parties dans la jungle dès le lendemain, nous avons tout d’abord loué des motobikes pour profiter des différentes cascades et lacs de la région. Nous nous sommes baladées sur les routes terreuses et parfois même sableuses, Alice s’améliorant de jour en jour quant à la maîtrise de la motobike (enfin, pas plus de 20km quand même) pour rejoindre deux petites cascades et pour finir un grand lac, d’un bleu…bleu. Ce lac est un ancien cratère de volcan, dans lequel nous pouvons nous baigner. Après un petit temps d’interrogation face à tous ces jeunes se baignant en jean et tee-shirt, parfois même chaussettes, nous nous sommes jetées à l’eau habillées. Marion en tête, qui voulant faire une entrée digne d’une princesse, fière et la tête haute, tout en continuant de parler, glissa sur la première marche, et atterrit la tête sous l’eau et les jambes coincées dans les marches. Après quelques ploufs, nous avons rejoins l’hôtel, trempées, sur nos supers bolides. 



            Jour J, enfin le grand départ pour l’aventure. Levées à 6h30 (heure devenue presque habituelle), nous nous préparions à aller vivre deux jours dans la jungle. Pour cette première journée, nous sommes parties à la rencontre de différentes ethnies de la région. Nous nous sommes arrêtées dans des petits villages où vivent différentes communautés animistes.
Ron a pu nous expliquer certaines de leurs pratiques comme celle de faire la fête une fois par an autour d’une tête de buffle fraîchement coupée, afin d’invoquer les bons esprits protégeant ainsi le village de certains mauvais esprits. Il nous a parlé aussi des femmes qui travaillent pendant que les hommes se reposent, elles doivent s’occuper des enfants, travailler la terre et n’ont pas de congé maternité… Bien au contraire les femmes enceintes doivent construire elle-même une maisonnette pour le premier mois du bébé. Pendant un mois la mère dort seule dans cette cabane avec son enfant.
Nous sommes passées dans un village dans lequel vit une jeune fille de 24 ans. Cette jeune fille n’est pas une jeune fille comme les autres, elle a vécu dès l’âge de 5 ans, seule dans la forêt, son frère l’ayant perdu lors de la sortie des vaches. Pendant 18 ans elle a survécu à la jungle, c’est la magie de la jungle, les bons esprits l’ont protégée… Une belle histoire digne d’un Disney.
Nous avons fait un détour par les mines de diamants, où nous avons nous aussi pu chercher les pierres dans les tas de terre, après avoir évité tous les trous, mais pas de grande trouvaille pour les bamela. Les hommes descendent et montent seulement à l’aide de leur bras dans des galeries très étroites de plusieurs mètres de profondeur. Un métier à haut risque qui a valu à certains leur vie.
Après la recherche de diamants nous sommes allées voir « la cascade des amoureux », nous avons pu manger ce que Ron nous avait préparé amoureusement. Pour finir nous sommes allées dormir dans un petit village de 200 habitants loin de toute civilisation. Nous avons pu nous laver à la fontaine de bambou du village avec les paysans, pas de sarong pour nous c’est donc habillées dans une eau un peu boueuse que nous avons pris notre « douche ». Le soleil se couchant à 18H, nous étions prête à manger et à aller nous coucher. Notre Ranger nous a rejoins après s’être trompé de village, ce qui met en confiance pour la rando dans la jungle. Malheureusement nous n’avons pas rencontré le chef du village mais nous avons pu assister en soirée à une classe. A 20h emmitouflées dans nos hamacs, US Army, moustiquaire intégrée, une nuit fraîche et courte nous attendait. 


            Nous avons quitté le village dès 8h le matin pour rejoindre la jungle, un petit café avant de commencer la grande marche. Nous étions prêts à partir quand Ron s’est aperçu  qu’il avait oublié la viande dans l’autre village, encore une fois la balade en forêt risque d’être forte en « bouletterie ». Heureusement, nous avons signé un papier annonçant que nous devions être de retour dans les 24h, si par hasard nous ne retrouvions pas notre chemin la police viendrait à notre secours. Rassurées et la viande nouvellement achetée dans les sacs, notre ranger la machette à la main, nous sommes parties sur les chemins… Après 5h de marches entrecoupées d’une pause déjeuner (notre ranger était un très bon cuisinier) et de plusieurs pauses pour notre guide qui traînait un peu de la patte, nous sommes arrivées à la pool. C’est ici que nous avons pu prendre notre bain, manger et dormir. La « pool » est un petit lac dans lequel on peut se baigner, se laver, laver les légumes, faire la vaisselle… Les tee-shirts trempés (à la différence des premières randos, celle-ci a lieu dans un pays chauud…), nous nous sommes suspendues au dessus du lac grâce à la liane magique, pour nous jeter à l’eau. A 17h nous étions déjà à table, nous avons tout de même pu veiller jusqu’à 21H, notre super ranger est allé nous chasser des grenouilles et des œufs de lézard, tout ceci accompagné d’un verre de « whisky » khmer, rien de tel pour finir la soirée. La nuit fut plutôt agréable, il n’est cependant pas facile de dormir sur le ventre dans un hamac. Nous avons pu nous endormir au son de tous ces étranges insectes, une véritable cacophonie, les insectes sont bien plus fêtards que les khmers… Réveillées aux aurores, après un petit déjeuner bien consistant (fried noddles with vegetebales) nous sommes reparties en direction du village. Cette petite balade au milieu de tous ces immenses arbres fut une belle expérience. De retour au village nous retrouvions nos motobikes pour rentrer en ville. Nous avons tout de même fait un petit détour par le grand lac (anciennement cratère) pour nous rafraîchir. En début de soirée, Ron nous a emmenées sur une colline, sur laquelle se trouve un temple, afin de profiter du coucher de soleil.
Ce fut nos derniers instants au Cambodge, un pays dans lequel les gens vous sourient… 

mercredi 2 février 2011

Cambodge- Kratié

Mardi 1er février- vendredi  4 février

Le voyage en bus s’était pourtant bien passé ; on avait pu découvrir les clips de karaoké cambodgien, tous aussi tragiques : des histoires d’amour impossible, de ruptures, d’accidents qui rendent aveugles ou pire qui tuent juste au moment des retrouvailles, des clips en 5 épisodes qui, systématiquement, finissent de manière tragique. Bref on avait passé un bon moment, frémi avec les cambodgiens, mais va savoir pourquoi, un trop plein d’émotions peut–être, Marion en a oublié son chapeau conique et sa casquette-casque-barbie-burberry-qui-protège-rien-du-tout dans le bus. S’en est suivi une course poursuite en motobike, ouf le chapeau était sain et sauf et Marion nous est revenue le sourire aux lèvres.
Ce léger incident a néanmoins donné le ton de nos quelques jours à Kratié ville de la loose.
Nous échouons dans un hôtel cheaper avec une chambre supra glauque au plafond trop bas et voisine d’une école (tous les matins nous avons été réveillées à 7h par des classes récitant en cœur leur leçon).
Le personnel de l’hôtel : •La patronne vite surnommée Nadine la radine bis, parce qu’un peu trop insistante pour qu’on mange chez elle, mais excellente cuisinière. Et aux besoins incontrôlables de contacts physiques, nous gratifiant à plusieurs reprises d’un gros câlin et essayant même d’embrasser Béné.
                                        • Mamie Défonce, un petit bout de femme menue, à qui il manquait beaucoup de dents, toujours en train de sourire et ne semblant pas vraiment comprendre ce qui se passe. Effet du Betel (mélange rougeâtre de plantes que toutes les vieilles femmes mâchouillent à longueur de journée et qui aurait des vertus stimulantes, garantissant un état de défonce permanente) ?                           
                            • Le gérant, glandeur professionnel qui passe ses journées vautré devant la télé. Fan de Karaoké, c’est grâce à lui que nous avons mis la main sur les clips youtube, nos soirées seront désormais ponctuées de Khmer !!



Nous avons rapidement pris nos quartiers. Pendant que Béné s’endormait assommée par la chaleur de 16h, Alice et Marion se faisaient accoster par une jeune khmer de 15 ans. Après une longue conversation, la pauvre et futée demoiselle a cruellement profité de la générosité des Bamela’s, quémandant 5$ pour, soi-disant, s’acheter un dictionnaire d’anglais et nous promettant qu’elle nous inviterait chez elle pour le nouvel an. Elle a empoché l’argent et a filé comme le vent, nous assurant qu’elle reviendrait 10 minutes plus tard avec le dit livre.
Les Bamela’s ont poireauté longtemps, longtemps, longtemps, refusant de reconnaître qu’elle avait vu la jeunette passée sourire aux lèvres sur un scooter avec ses copines.
 Après cet épisode (que nous décrirons comme un acte de générosité envers une petite cosette, et non pas comme une belle arnaque, fierté oblige !!) nous aurions dû quitter cette ville au mauvais karma. Mais NON, nous sommes restées et avons même loué des scooters pour découvrir l’île en face de Kratié, ses petits villages de terre rouge, ses maisons sur pilotis et sa vue incroyable sur le Mékong  bleu turquoise. Le plan était simple, prendre un ferry au point A et rouler jusqu’au point B pour retraverser le fleuve. Seulement à force de jouer les princesses, à faire des coucou, s’arrêter pour des cafés, on en oublie le temps qui passe. Résultat, arrivées au point B « oh bah non c’est trop tard, le bateau ne traverse plus », coup de stress pour Bamela… On enfourche les scooters et on fait le trajet dans l’autre sens mais à plus vive allure !! Marion en tête. Ça fait du bruit, de la poussière, on a les yeux qui pleurent, plus le temps pour les bonjours à droite à gauche, ça klaxonne, « casses-toi la vache !! Dégage la poule !! ». « Oh lala Kiki, le chiot, mais qu’est ce que tu fais au milieu de la route, mais range-toi » se dit Marion effrayée et appuyant sur le frein. Mais non, kiki ne se décide pas à circuler et c’est la roue de Marion qui dérape et c’est Marion que l’on retrouve les 4 fers en l’air dans le bas-côté ensablé. Bobo sur le genou et choc post-traumatique obligent Alice à prendre les commandes du bolide. Arrivées au bateau, à la nuit tombante, des moucherons pleins les yeux, nous montons naïvement à bord. L’incompréhension linguistique nous laisse le temps de poireauter un bon moment, avant que l’un des matelots ne nous tende un téléphone et qu’un interlocuteur nous explique qu’il est trop tard et que pour traverser nous devrons payer le double. Grosse arnaque ?? Très probablement car plusieurs personnes attendaient le ferry à notre arrivée sur l’autre rive. C’est donc énervées et en retard que nous ramenons le scooter rayé à son propriétaire. Rayures qui nous auront valu nombreuses négociations pour éviter encore une grosse grosse arnaque.
Quant au genou de Marion, elle a bien cru à un épanchement synovial ou une fracture de la rotule, le diagnostique médical n’a révélé qu’une grosse bosse. Mais quand on est une routarde, mieux vaut être sûre plutôt que de se retrouver amputer au pic à glace parce que pris en charge trop tard !!


Ce nouvel épisode de loose aurait dû nous pousser dans le premier bus, mais nous avons résisté à nouveau. Et c’est le porte-monnaie plus léger et les nerfs un peu à vifs que nous avons attaqué notre dernière journée. Rebelote, location de motobike et balade sur le long du fleuve, un arrêt rapide sur le site des dauphins d’eau douce « Quoi !!!! 7$ !!! Mais c’est trop cher, quelle arnaque !! Allez les filles, on s’en va. ». Donc pas de dauphins pour nous (de toute façon, ils sont moches), on a roulé jusqu’à ce que le nouvel épisode de loose arrive. Marion toujours au guidon, « Béné, tu ne trouves pas qu’il y a un truc bizarre ?? oh non on a crevé ». C’est donc parti pour chercher un mécano, seulement le jour du nouvel an personne ne veut travailler et à cette heure de l’aprem, tout le monde est déjà saoul. On a finalement trouvé un coiffeur qui a bien voulu nous réparer ça entre shampooing et cheveux coupé. Nous quittons Kratié le lendemain matin, soulagé de fuir cette spirale de loose