mercredi 2 février 2011

Cambodge- Kratié

Mardi 1er février- vendredi  4 février

Le voyage en bus s’était pourtant bien passé ; on avait pu découvrir les clips de karaoké cambodgien, tous aussi tragiques : des histoires d’amour impossible, de ruptures, d’accidents qui rendent aveugles ou pire qui tuent juste au moment des retrouvailles, des clips en 5 épisodes qui, systématiquement, finissent de manière tragique. Bref on avait passé un bon moment, frémi avec les cambodgiens, mais va savoir pourquoi, un trop plein d’émotions peut–être, Marion en a oublié son chapeau conique et sa casquette-casque-barbie-burberry-qui-protège-rien-du-tout dans le bus. S’en est suivi une course poursuite en motobike, ouf le chapeau était sain et sauf et Marion nous est revenue le sourire aux lèvres.
Ce léger incident a néanmoins donné le ton de nos quelques jours à Kratié ville de la loose.
Nous échouons dans un hôtel cheaper avec une chambre supra glauque au plafond trop bas et voisine d’une école (tous les matins nous avons été réveillées à 7h par des classes récitant en cœur leur leçon).
Le personnel de l’hôtel : •La patronne vite surnommée Nadine la radine bis, parce qu’un peu trop insistante pour qu’on mange chez elle, mais excellente cuisinière. Et aux besoins incontrôlables de contacts physiques, nous gratifiant à plusieurs reprises d’un gros câlin et essayant même d’embrasser Béné.
                                        • Mamie Défonce, un petit bout de femme menue, à qui il manquait beaucoup de dents, toujours en train de sourire et ne semblant pas vraiment comprendre ce qui se passe. Effet du Betel (mélange rougeâtre de plantes que toutes les vieilles femmes mâchouillent à longueur de journée et qui aurait des vertus stimulantes, garantissant un état de défonce permanente) ?                           
                            • Le gérant, glandeur professionnel qui passe ses journées vautré devant la télé. Fan de Karaoké, c’est grâce à lui que nous avons mis la main sur les clips youtube, nos soirées seront désormais ponctuées de Khmer !!



Nous avons rapidement pris nos quartiers. Pendant que Béné s’endormait assommée par la chaleur de 16h, Alice et Marion se faisaient accoster par une jeune khmer de 15 ans. Après une longue conversation, la pauvre et futée demoiselle a cruellement profité de la générosité des Bamela’s, quémandant 5$ pour, soi-disant, s’acheter un dictionnaire d’anglais et nous promettant qu’elle nous inviterait chez elle pour le nouvel an. Elle a empoché l’argent et a filé comme le vent, nous assurant qu’elle reviendrait 10 minutes plus tard avec le dit livre.
Les Bamela’s ont poireauté longtemps, longtemps, longtemps, refusant de reconnaître qu’elle avait vu la jeunette passée sourire aux lèvres sur un scooter avec ses copines.
 Après cet épisode (que nous décrirons comme un acte de générosité envers une petite cosette, et non pas comme une belle arnaque, fierté oblige !!) nous aurions dû quitter cette ville au mauvais karma. Mais NON, nous sommes restées et avons même loué des scooters pour découvrir l’île en face de Kratié, ses petits villages de terre rouge, ses maisons sur pilotis et sa vue incroyable sur le Mékong  bleu turquoise. Le plan était simple, prendre un ferry au point A et rouler jusqu’au point B pour retraverser le fleuve. Seulement à force de jouer les princesses, à faire des coucou, s’arrêter pour des cafés, on en oublie le temps qui passe. Résultat, arrivées au point B « oh bah non c’est trop tard, le bateau ne traverse plus », coup de stress pour Bamela… On enfourche les scooters et on fait le trajet dans l’autre sens mais à plus vive allure !! Marion en tête. Ça fait du bruit, de la poussière, on a les yeux qui pleurent, plus le temps pour les bonjours à droite à gauche, ça klaxonne, « casses-toi la vache !! Dégage la poule !! ». « Oh lala Kiki, le chiot, mais qu’est ce que tu fais au milieu de la route, mais range-toi » se dit Marion effrayée et appuyant sur le frein. Mais non, kiki ne se décide pas à circuler et c’est la roue de Marion qui dérape et c’est Marion que l’on retrouve les 4 fers en l’air dans le bas-côté ensablé. Bobo sur le genou et choc post-traumatique obligent Alice à prendre les commandes du bolide. Arrivées au bateau, à la nuit tombante, des moucherons pleins les yeux, nous montons naïvement à bord. L’incompréhension linguistique nous laisse le temps de poireauter un bon moment, avant que l’un des matelots ne nous tende un téléphone et qu’un interlocuteur nous explique qu’il est trop tard et que pour traverser nous devrons payer le double. Grosse arnaque ?? Très probablement car plusieurs personnes attendaient le ferry à notre arrivée sur l’autre rive. C’est donc énervées et en retard que nous ramenons le scooter rayé à son propriétaire. Rayures qui nous auront valu nombreuses négociations pour éviter encore une grosse grosse arnaque.
Quant au genou de Marion, elle a bien cru à un épanchement synovial ou une fracture de la rotule, le diagnostique médical n’a révélé qu’une grosse bosse. Mais quand on est une routarde, mieux vaut être sûre plutôt que de se retrouver amputer au pic à glace parce que pris en charge trop tard !!


Ce nouvel épisode de loose aurait dû nous pousser dans le premier bus, mais nous avons résisté à nouveau. Et c’est le porte-monnaie plus léger et les nerfs un peu à vifs que nous avons attaqué notre dernière journée. Rebelote, location de motobike et balade sur le long du fleuve, un arrêt rapide sur le site des dauphins d’eau douce « Quoi !!!! 7$ !!! Mais c’est trop cher, quelle arnaque !! Allez les filles, on s’en va. ». Donc pas de dauphins pour nous (de toute façon, ils sont moches), on a roulé jusqu’à ce que le nouvel épisode de loose arrive. Marion toujours au guidon, « Béné, tu ne trouves pas qu’il y a un truc bizarre ?? oh non on a crevé ». C’est donc parti pour chercher un mécano, seulement le jour du nouvel an personne ne veut travailler et à cette heure de l’aprem, tout le monde est déjà saoul. On a finalement trouvé un coiffeur qui a bien voulu nous réparer ça entre shampooing et cheveux coupé. Nous quittons Kratié le lendemain matin, soulagé de fuir cette spirale de loose

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